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文档简介

JEAN MARTIN CHAIXOT (1825- 1893) pm A. FRIEDENREICH A LA PA CULT DE MBDECINE DE COPENHAGOB ANCIEN PROFESSEUR DB PSYCBIATllIE La seconde moitie du 19-ikme sikcle a Cte une vrai saison de floraison pour la neurologie, surtout en France. La science mirdicale francaise maintenait dans ce domaine la superiorit6 quelle avait conquise pendant la premikre moitie du sikcle. Linitiateur du mouvement Ctait le gCnial clinicien, Duchenne; il inventait la mCthode de lklectrisation localiske, et appliquait cette methode a lCtude des fonctions des muscles dont il dkcrit minutieusement les effets, il dCmontrait limportance de Iexplo- ration Clectrique pour le diagnostic et le pronostie des maladies musculaires et nerveuses, il dircouvrit lataxie locomotrice pro- gressive, plusieurs formes datrophies musculaires girnCralisCes et la paralysie glossolabiale progressive. Lataxie locomotrice Ctait inconnue en France; Romberg lavait dCcrite antkrieure- ment en Allemagne en 1851, sous le nom de tabes dorsal; latrophie musculaire progressive fut dkcrite premikrement par Aran en 1850, mais Duchenne les avait dkcouvertes indCpen- damment, et il sappesantit sur le phknomkne de lincoordina- tion musculaire, quon avait avant Duchenne confondue avec la paralysie. NCanmoins, cest avec Charcot, que 1Ctude des maladies ner- veuses prend un dCveloppement rapide, cest principalement B lui et a son ecole quon doit les grands progrks en neurologie du sikcle passe. 4 Les travaux de Charcot lui-mCme et de ses nombreux eleves, pour la plupart trks intelligents et a present celkbres, ont laissb leur marque dans presque tous les dkpartements de la neuro- logic; de nombreuses dkouvertes et une etude .approfondie de nombreuses maladies font lhonneur de 1Ccole de la SalpCtriere. Ses collaborateurs lui devaient en general lidee et le plan de louvrage, il mettait a leur disposition son extraordinaire con- naissance de la litterature, suivait le travail et revisait et an- notait chaque publication avant quelle pariit. Tout ce qui sor- tait de sa clinique a la SalpCtriere porte lempreinte du maitre: lexamen intelligent et approfondi des malades, lobjectivite et lauthenticitk des observations, la conception sans prkjugits, ori- ginale, souvent geniale des phknomenes cliniques, dou rCsul- tait la creation de plusieurs nouveaux types de maladies, telle, Ctaient les qualites auxquelles la clinique de la Salpttrikre devait sa position incontestablement dirigeante. CCtait surtout, comme Charcot le remarquait souvent, la methode de combi- naison anatomo-pathologique et clinique, la comparaison des Observations cliniques avec les dkcouvertes microscopiques qui avaient donne les plus brillants rksultats. Cest a cette methode quc la science medicale fraqaise devait dir ja sa superiorit6 sur dautres terrains de la pathologie dans la premiere moitiCt du 19-ikme siecle. Plus tard, cktait lexamen microscopique qui dominait lanatomie pathologique et on sait combien de nos connais- sances des alterations morbides de la moelle Cpinikre nous devons a Charcot et a sa clinique. (Lataxie locomotrice, la sclerose en plaques, la paralysie spinale infantile, latrophie musculaire spinale progressive, la pachymkningite cervicale, la paralysie glosso-labiale 1aryngC.e). La carrihre de Charcot au debut ne fut pas sans Cpines. Cer- tainement, il obtenait linternat dassez bonne heure (1848 a la SalpCtrikre), passait son doctorat en 1853 et etait choisi chef de clinique par Rayer (1853-1855). En 1856, il Ctait mkdecin des hapitaux, mais refuse une fois a lagregation, il ne lobtenait, dit-on, quavec peine et nittait reCu en 1860 que gr5ce a la puissante influence de Rayer. On ne le trouvait pas asez doquent. A cette epoque, on attachait une grande importance 5 a une manikre de sexprimer Clkgante et spirituelle et Charcot, dont lkloquence incontestable a toujours etC trks sobre, ne brillait alors que par son savoir des plus solides. En 1852 Charcot fut elu mitdecin de service a la SalpCtrikre quil ne devait plus quitter. Cette place nktait sans doute pas trks recherchke. La SalpC- trikre est un hospice pour (5000) femmes invalides atteintes de maladies incurables, conime notre ancien ,Almindelig Hospi- tala. Le soin de ces femmes, pour la plupart vieilles, netait pas une occupation des plus attrayantes pour un jeune medecin, mais on comprend, yuil y avait une collection de specimens avancirs de presque toutes les maladies chroniques, et souvent loccasion de faire des autopsies. Charcot savait trouver les cas interessants et les utiliser pour la science. I1 trouvait un sol pour une riche production et pour des creations intellectuelles nouvelles la, oh un autre naurait trouve quune assemblke de miserables crkatures et quelques curiosites mitdicales. I1 publia un traiti: sur les maladies goutteuses, dont il setait deja occupk dans deux de ses thirses, sur les maladies des vieillards, sur la maladie de Basedow, sur lendocardite, sur les embolies pulmonaires et les gangrknes visckrales. Deja en 1862, avec son ami Vulpian, et lannke suivante avec Cornil, il publiait deux cas dataxie locomotrice suivis dautopsie avec la description de la sclerose des faisceaux posterieurs de la moelle, et en 1866, avec Houchard, il kcrit sur les lesions initiales du tabes; il faisait alors dkja des cours a la Salpktrikre, sa renommke etait ktablie et, lorsque Vulpian en 1872 avait Cchange son professorat danatomie pathologique contre le nouveau professorat de pathologie exphimentale, Charcot etait devenu son successeur. Ses travaux de cette kpoque ont laissl. des traces dans lanatomie pathologique des maladies du foie, des reins et des poumons; sa description des aneurysmes mili- aires date aussi de cette mCme epoque. En mCme temps, Charcot continuait ses travaux et ses leCons a la SalpCtrikre. Cest la pkriode de ses plus brillantes dkouvertes. I1 dkcrit la sclkrose en plaques. D(tjB, en 1868, il avait fait paraitre sur la paralysie agitante et la sclerose en plaques une dissertation 6 ou il dkcrivait en maitre la forme typique et dkmontrait le substratum anatomique. CCtait sa grande facultk de trouver des types de maladies sans se laisser Cgarer par des formes frustes et de transition apparente, et de les rallier B des altkrations anatomo-pathologiques dkfinies. La m&me chose lui rkussit avec la sclkrose latkrale amyotrophique (dkcouverte du reste a peu prks en m&me temps en Allemagne par Leyden et nommke paralysie bulbaire progressive). La dkcouverte des arthropathies neuropathiques, surtout les arthropathies des ataxiques et de la pachymkningite cervicale hypertrophique datent aussi de ce temps. De la plus grande valeur ktaient les recherches combinkes cliniques et anatomo-pathologiques sur les localisations ckrC- brales, que publiaient Charcot et ses klkves (Bourneville, Pitres et plusieurs) pendant les annkes de 1873 a 1880, lorsque Charcot recut le prix Montyon pour son ouvrage .Les localisations dans les maladies du cerveau et de la moelle epinikre(. Vers 1870, Fritsch & Hitzig en Allemagne, Ferrier en Angleterre, avaient dkmontrk les centres moteurs chez des animaux, mais cktaient surtout les observations de la SalpCtrikre, qui prouvaient lexis- tence et les localisations des m&mes centres chez lhomme. Cela va sans dire, que des observations dans le m&me sens pullu- laient de tous cBtCs, mais ce furent les observations nombreuses et soignkes de la Salp&trikre qui donnkrent la preuve dkfinitive. Plus tard, lintkr6t de Charcot se tourna vers lktude de lhystkrie. Dkja en 1870, il sktait chargk dun service de convulsionnaires, quon avait transfkrk a la Salpktrikre. La, se trouvaient des Cpileptiques et des cas violents dhystkrie. Charcot saperpt bient8t que les cas, appelCs alors hystkro-kpilepsie a crises mixtes, nktaient en rkalitk que de grandes attaques dhystkrie, que la phase Cpileptiforme Ctait une des phases de lattaque hystkrique. Peu a peu, il reconnut les diffkrentes phases qui peuvent se succeder pendant une attaque de grande hystkrie; elles sont parfaitement bien decrites et illustrkes dans le livre de Richet. Avant Charcot, la description des grandes attaques paraissait impossible, tant leurs variations ktaient grandes et embrouillkes. La description qua donnke Charcot des dif- 7 ikrentes phases qui peuvent se combiner et se succkder plus ou moins au complet a rendu facile de les reconnaitre, quelles apparaissent isolkes ou combinkes. Dans le livre de Richet, on trouve aussi la description minutieuse et approfondie de tous les symptbmes de lhystkrie que lktude a la Salp6triCre avait dkmontrks, et dont la plupart ktaient naturellement connus avant. Cktaient spkcialement les symptbmes somatiques et du- rables, les stigmates, auxquels Charcot donnait de limportance, les anesthksies, les hypkresthksies, les paralysies, les contrac- lures, les troubles de la vision et de louie. Grice a ces expkrien- ces, Charcot parvint a dkcouvrir lhystkrie traumatique et a dkmontrer la frkquences inattendue de lhystkrie chez lhomnie. (Thomsen et Oppenheim dkcrivaient au mCme temps lhystkrie traumatique mais soutenaient, que cktait une nCvrose spkciale ,traumatische Neurose.; il en rksulta une polkmique. On peut dire maintenant que Charcot a eu raison). Aujourdhui, surtout apres la demonstration energique par Babinski de la parentk de lhystkrie et de la simulation on est disposk a dkprkcier les stigmates, mais a tort; meme si on peut les produire par suggestion, cest donc seulement chez les hystkriques que cela rkussit et, le fait, quils paraissent tou- jours et partout de la m&me manikre, dkmontre, quil y a quelque chose de bien rkel et dobjectif dii, au fond, sans doute, a des organisations ou )mkcanismes(c prkformks, en tout cas, obkis- sants a des lois naturelles dkfinies. Par ses ktudes de lhystkrie et surtout des grandes attaques dkmoniaques, Charcot parvint a comprendre limportance de lhystkrie pour la dkmonopathie, les obsessions et la sorcellerie; en collaboration avec Bourneville, il a publik des recherches extr6mement intkressantes dans IIconographie de la SalpCtriCre et ailleurs. De lhystkrie, la transition a lhypnotisme ktait facile. Son attention fut dirigke de ce cbtk par quelques seances dhypno- tisme de notre compatriote, le ),cklebre.: magnktiseur Hansen qui avait fait une certaine sensation a Paris. Charcot .reconnut que les symptbmes de ces deux 6tats ktaient semblables; il ar- riva a la conclusion un peu trop absolue que Ihypnotisme 8 netait quune manifestation de lhystkrie. I1 ktudiait en clinicien les phknomknes de lhypnotisme, il en distinguait trois phases diffkrentes, les ktats dexcitabilitk neuromusculaire, de somnam- bulisme et de catalepsie, et il avait trouve, quon pouvait a volontk produire ces ittats et les transformer de lun a lautre par des diffkrentes prockdures. En cela il fut bien critique. A lautre centre detude de lhypnotisme en France, a Nancy, (Bernheim) on soutenait que ces rksultats de Charcot ktaient artificiels, produits par suggestion de la part des expkrimenteurs. I3ernheim kcrit un peu malicieusement, quil avait certaine- ment observe une malade qui presentait tous les phitnomknes de Charcot correctement, mais cetait une malade qui avait antkrieurement etk en traitement a la SalpCtrikre. Dun cotk, il est certain, que tous les phknomknes decrits par Charcot Ctaient bien reels, mais de lautre cat& que lapparition des diffkrents phases et leur production a volontk ktaient dues a la suggestion. Cela ne veut pas dire que Charcot mkconnais- sait la grande importance de la suggestion en hystkrie et en hypnotisme; sa conception de lhysterie traumatique comme rksultat de lautosuggestion le prouve assez; jai vu lexcita- bilitk neuro-musculaire plusieurs fois, la catalepsie et le som- nambulisme sont des phknomknes communs. I1 connaissait trks bien limportance de la skparation de la malade de sa famille dans le traitement de lhystkrie, mais il na peut-&tre pas assez evaluk linfluence du milieu special, que prdsentait un service compose essentiellemnent dhystkriques, et, persuadk comme il letait de lobjectivitk des sympt8mes somatiques de lhystkrie, il nkgligeait un peu limportance de la suggestion et de la simulation. Cest pourquoi il acceptait la mktallothkrapie de Burcq, aprks s&tre assure de la realit6 des phknomknes de transfert et de retablissement de la sensibilitk par application des plaques mktalliques. Pendant cette brillante evolution de la clinique a la SalpC- trikre, les auditeurs et les klirves accoururent de tous les pays, ainsi que les malades et entourkrent le cklkbre maitre. M6me dam le public, a Paris, les lecons de Charcot sur lhypnotisme 9 faisaient sensation; la clinique de la Salpktrikre eut sa grande part de 1intkrCt pour lhypnotisme qui se repand!, epidkmique- ment dans toute 1Europe. I1 va sans dire, quil ny avait au commencement a la Sal- petriere aucune installation pour une clinique scientifique pour les maladies nerveuses, la salle des cours Ctait seulement une salle de malades evacuke, mais peu a peu, on se procura dans une ancienne cuisine les locaux et les appareils nkcessaires pour un etablissement dinstruction scientifique. On y construisit un auditoire, des laboratoires physiologique-clinique, histo- logique et photographique (dou sortaient toutes les excellentes gravures de 1Iconographie de la Salpetrikre). Enfin, en dernier lieu on ktablit un petit service pour des hommes souffrants de maladies nerveuses. Cetait, me disait Charcot, la chose la plus difficile a obtenir, on le comprend, vu que lhospice ktait exclusivement destine aux femmes. Charcot dksirait beaucoup avoir a sa disposition des cas intkressants de maladies ner- veuses chez lhomme, et il lobtint. La municipalitk de Paris a vraiment bien merit6 de la science par sa libkralitk, en ac- cordant a la cklebritk de Charcot les moyens considkrables qu exigeaient les travaux scientifiques. Je suppose que cela nktait pas sans relation avec le fait que Bourneville, un des premiers Cleves de Charcot, en date et en capacitk, et son ami dkvouk, etait membre du conseil municipal. Bourneville ne sest pas restreint aux nombreux et excellents travaux quil a faits en collaboration avec Charcot, il sest occupk plus tard tout specialement des faibles desprit et des idiots et apportir ainsi dimportantes contributions a la pathologie. Cest en grande part a lui que sont dus les progres de lassistance et de linstruction des faibles desprit en France. En 1882, Charcot fut klu professeur en neurologie a luniver- site. Cirtait la premiere chaire exclusivement neurologique au monde. La clinique de la Salpktrih-e fut transfkrke a lgtat, comme appartenant a luniversitk. Cest a cette kpoque que je faisais mon skjour a Paris et jeus la chance dassister a la lecon dinauguration de Charcot comme professeur en neurolo- gie. Lauditoire ktait grand, avec place pour 200 auditeurs et presque toutes les places ktaient occupCes. Comme Charcot le disait dans sa leion, des malveillants avaient baptisk lauditoire ) thk8tre Charcote ; en rCalitC, larrangement rappelait assez un theAtre. Cktait une grande salle rectangulaire a parquet dCclive; a un bout de la salle, se trouvait une large tribune ClevCe, ou ktaient debout Charcot et les malades quil dkmontrait, tandis que ses assistants Ctaient assis a la pkriphkrie; il y avait, ce qui alors Ctait nouveau, un appareil de projection, au moyen duquel Charcot montrait des images et des coupes microscopi- ques; il avouait que son auditoire ressemblait a un thCStre, mais dksarmait le sarcasme en pointant que larrangement dun thestre vise a ce que tout le monde puisse voir et entendre aussi bien que possible, et quun auditoire doit Ctre construit dans le mCme but. I1 y avait une grande leion chaque semaine, le vendredi a 10 heures, toujours richement illustrke par la dkmonstration de malades. Aucun neurologiste nest ignorant de la valeur de ces leions; la plupart ont ktk publikes et sont reconnues classiques. Si Charcot dans sa jeunesse ne savait pas parler, il lavait certainement appris plus tard, il Ctait un orateur excellent. Sa voix Ctait sonore et agrkable, on lentendait parfaitement par- tout dans la salle. I1 ne parlait pas vite, mais couramment, distinctement, sans reprises ou erreurs, en phrases complktes. Occupk et intkressC hi-m&me par le sujet de la leion, il cap- tivait tout de suite lattention des auditeurs et les retenait trks interessCs pendant deux heures. Le contenu des leqons valait cette attention. Souvent, Charcot produisait des faits scientifi- ques absolumment nouveaux et importants, mais mCme quand il traitait des faits connus, il avait presque toujours quelque chose doriginal et de nouveau a enseigner, au moins quelque chose de moins connu. Lexposition Ctait toujours Claire et logique, largumentation et la dkduction irrkfutables. En contraste avec plusieurs de ses collkgues, qui sefforqaient dCtre spirituels en profkrant des vues surprenantes mais point fondCes sur des faits solides, Charcot faisait toujours parler les faits, et des faits recueillis avec grand soin et par conskquent authentiques. Parfois il pou- 11 vait plaisanter, plus souvent il skchauffait, surtout, quand il sagissait de defendre une opinion, kmise par lui, et attaquke, mais en gknkral, il Ctait skrieux et tranquille et gesticulait trks peu. Les lecons Ctaient bien prCpari?es et Ccrites a lavance, ses assistants avaient peu de peine a les rkdiger pour la publica- tion. Naturellement, il traitait en gknkral les maladies nerveuses, mais il nktait pas trks rare que Charcot, dont le savoir en mCdecine Ctait extrkmement rtipandu, prit pour sujet un cas exceptionnel dune maladie qui, sans appartenir aux maladies nerveuses, avait une certaine relation avec celles-ci. Jai entendu des lecons excellentes sur la sclkrodermie et

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