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文档简介

此文档收集于网络,如有侵权,请联系网站删除La gitane Pierre GvartJessaye dimaginer la scne comme elle se prsenta. Le peintre encore jeune, alors, rempli de ses promesses, et de la vie qui dbordait dj, de sa fureur daimer, de sduire, de conqutes. Et la gitane. Dj plus une enfant, pas une femme encore, la peau mate, imprgne donguents et de parfums, et qui dj sans doute avait connu lamour, sans que ce soit vnement, un soir, au campement, dans la lueur vague des flammes. Au reste lui non plus ntait plus vierge. Lexaltation des corps, des sueurs qui se mlent, du musc dune aisselle, de la brlure dun ventre ntaient plus nouveaut. Mme, il commenait dj tre un peu connu, ou exposait ses uvres, il prenait des lves. Je nen connais que quelques mots, de cette histoire, ceux quil a bien voulu men dire, install maintenant, reconnu, et ses tableaux, partout, prsents dans des muses. Ctait dans la Hongrie, juste aprs cinquante six. Comment lavait-il rencontre, la camarade gitane ? Par hasard, sans doute. Un soir, fumant une cigarette russe, adoss contre un mur de la place Lnine, Debrecen. Il devait bien y avoir une place Lnine Debrecen, aprs cinquante six, et les vingt mille cadavres de Budapest. Dj quelque chose dinsens, de fumer une cigarette comme cela, adoss contre un mur, camarade, et discutant peut tre de la qualit dun pigment, dune technique de peinture, du calibre dun pinceau. Et elle tait passe, avec ses onguents, ses yeux souligns au charbon, son odeur de parfum et de crasse, sa robe que soulevait rythmiquement son pas, quourlait un lger souffle dair. Et son dcollet Il avait oubli les pinceaux, les peintures, les pigments. -Tu as une cigarette, camarade peintre ? Et il avait encore remarqu lmail de ses dents si blanches, et la lourdeur de ses cheveux noirs, et lclat dans ses yeux si sombres Il avait tendu son paquet, craqu en vain, une, puis deux allumettes. Oubli Janos, qui navait pas t choisi, qui la gitane navait pas demand de cigarette. Elle avait approch son visage du sien, et plong les yeux dans ses yeux, si prs que les extrmits des cigarettes staient rencontres, et que le feu tait pass de lune lautre. Elle stait adosse, son tour, entre les deux jeunes gens ce mur de la place Lnine - ou quel que soit son nom - lui ne prononait plus une parole. Dune fentre tombait le son aigre dune radio diffusant un discours politique. Je rentre lcha Janos Ils entendirent ses pas sloigner dans les graviers de lalle puis une porte claquer. Lodeur de la jeune fille se mlait celle de la fume. Le cur du peintre saffolait dans sa poitrine, et son ventre lui faisait mal. Tu nas pas besoin dun modle, camarade peintre ? jeta soudain la fille. Ltudiant strangla, toussa une ou deux fois. Il se demanda brutalement sil ne sagissait pas dun pige, si elle ntait pas envoye pour le tester par la police politique. Tout tait possible. Tu nas pas le droit de travailler comme modle sans en avoir reu lautorisation par le comit de lcole rpondit-il, sur la dfensive. Elle ne dit rien, mais pivota sur elle-mme et vint se planter devant lui, le dfiant du regard. Il osait peine respirer. Soudain, elle se mit dfaire un un les boutons de son corsage et louvrit largement. Il navait pas remarqu jusque l quelle ne portait pas de soutien-gorge. Regarde, lui lana-t-elle, regarde ! Il ny en a pas de plus beaux dans toute la ville. Regarde. Sapprochant encore, elle lui saisit la main et lappliqua sur un des seins dnuds. Le mamelon durci excitait la paume du peintre. Prends moi comme modle murmura-t-elle prs de son oreille, et si tu veux, tu pourras coucher avec moi, aprs Ltudiant haletait. Jamais encore, il navait fait lamour avec une fille comme celle-l. Et la gitane devant lui, son sein palpitant sous ses doigts, offerte, si facilement offerte. Il y eut soudain un crissement de gravier, dans le lointain. Le jeune homme ta vivement la main. Il pensa que ce pouvait tre la milice. Je nai pas le droit de te faire entrer dans la rsidence des garons murmura-t-il ; la sueur perlait ses tempes. Il tait partag entre la peur de voir surgir les policiers et le dsir de possder le corps offert de la femme, devant lui. Le droit, le droit ! se moqua-t-elle Va chercher ton matriel. Jai une chambre moi. Personne ne te parlera de droit l bas. Sans mme discuter, le peintre schappa, rassur et impatient, la fois. Il rentra dans la rsidence. Au passage, quelquun lui proposa un verre de Palinka quil vida dun trait presque sans marquer son arrt. Lalcool brla sa gorge, et lui tira des larmes. En hte, il rassembla ses fusains, un carnet de croquis, quelques pastels, puis sarrangea pour sortir sans tre vu, persuad quil ny aurait plus personne. Mais la fille tait l, lattendait. Elle jeta un regard rapide sur le matriel quil serrait sous son bras, et se mit en route, devant lui sans un mot. Il avait eu le temps de remarquer quelle avait referm son corsage. Ils marchrent ainsi un long moment, elle devant, lui suivant, sans parler, jusqu une porte drobe, dans une cour du centre ville, prs de la cathdrale. Il sengouffra sa suite dans louverture sombre, descendit quelques marches. Ctait l, une cave. Il y rgnait une odeur aigre, dsagrable, de misre et de crasse. Mais de libert, peut-tre aussi. Cest du moins ce quil pensa. La robe le frla dans lobscurit. Il tressaillit. Puis, soudain, une lumire jaune jaillit dune unique ampoule lectrique, accroche telle quelle deux fils torsads qui pendaient du plafond. La pice tait sortie de la nuit. Il perut labondance des tissus empils ple mle, contre les murs, et le matelas jet terre. Mais dj la fille tait ses vtements. Il posa carnet et fusains et voulut tout de suite la prendre. Mais elle se dgagea, et lui resta l, maladroit, emprunt. Dabord le dessin exigea-t-elle svre. Penaud, il recula, chercha des yeux un sige, et nen trouvant pas, finit par sasseoir terre, en tailleur. Nue, la jeune fille tait encore plus belle, parfaite. Elle avait adopt spontanment la pose qui convenait, et lhomme neut qu commencer son travail, immdiatement. A ce moment, il ntait plus quartiste, nullement troubl linstant par ce dsir qui lavait submerg, tout lheure. Il sappliquait seulement rendre la courbe de la hanche, labandon de lattitude, lacuit du regard, lorbe du sein, la chaleur de ce corps Vint linstant o il estima avoir termin lesquisse. Il retourna le carton pour le donner voir au modle. La gitane observa avec attention, un pli lui barrant le front. Puis soudain, elle leva les yeux vers le peintre et sourit. Ce qui se passa entre eux, cette nuit l ne regarde queux, et mon ami ne men a pas dit un seul mot. Toujours est-il quau petit matin, quand les premiers rayons du soleil percrent travers la grille du soupirail, il tait encore l, huil de transpiration, et navait pas dormi. - Cest mieux que tu ten ailles maintenant dit la fille, aprs un dernier baiser. - Je pourrai revenir ? interrogea-t-il, plus tard, en laant ses chaussures. Elle lui tendit une tasse dun succdan de caf quelle avait prpar sur un rchaud, pendant quil se rhabillait. Il but petits coups, jetant de frquents coups dil la jeune fille qui restait debout devant lui, nue, insolemment impudique. Tu vas prendre froid ! finit-il par lui dire. Je nai pas froid Il haussa les paules. La nuit avait puis son dsir. Il rangea son matriel, passa son sac en bandoulire, et voulut offrir le dessin la magicienne. Tu las bien mrit , appuya-t-il goujatement. Non, cest toi qui las mrit, garde le toujours Majestueuse, elle le poussa vers la porte, et il entendit la clef tourner dans la serrure, derrire lui. Quarante annes plus tard, ce vieux peintre, professeur mrite aux Beaux Arts, mari deux fois, dot dun nombre variable de matresses, entendit un jour retentir la sonnette de la maison-muse que lui consacre dsormais sa ville natale. Il se leva du fauteuil dans lequel il stait assis pour siroter la menthe cassis que lui avait prpare une vieille servante paye par la commune. Qui pouvait bien sonner ? Il dtacha regret son regard du dernier portrait de la jeune gitane, son uvre matresse, laquelle il navait jamais cess de travailler, en en multipliant linfini les copies et les versions. Mais jamais non plus il ntait parvenu retrouver la fracheur, la spontanit de la premire esquisse. Celle-ci, accroche de lautre ct de la porte, clipsait le portrait rcent, malgr son papier jauni.La sonnette retentit nouveau. Le matre soupira. La vieille nallait jamais ouvrir. Elle tait sourde, ou se donnait comme telle. Il fallait donc quil se drange. Tout de suite il la reconnut. Il est de certaines beauts auxquelles lge ne peut rien. Le temps peut bien les buriner ici, les paissir par l, elles subsistent. Ctait une de ces beauts. Lodeur de sa chair, la douceur de sa peau, la chaleur de ses lvres, tout revint en mmoire. Brusquement, il avait vingt cinq ans. Elle tait l, quarante ans aprs, avec une jeune fille toute semblable elle, sa petite fille, sans doute. Deux tziganes, deux exemplaires de ce peuple incivilis dont il dplorait chaque jour le sans gne et la dmographie galopante. Deux bohmiennes.Et tout de suite, il sut quelle allait demander revoir le dessin, pour montrer la jeune fille comme elle aussi avait t belle. Et elle reviendrait le lendemain, avec une autre, et le jour daprs encore, et ainsi de suite. Cen serait fini de sa tranquillit, de ses pouses et de ses matresses. Elle allait sinstaller ici, avec sa tribu. Et elle, dont les portraits ornaient maintenant les galeries de lEurope jusquau Japon, elle quon ne connaissait que sous le nom de la gitane , et qui jamais avait fait de lui ce quil tait, un grand parmi les grands, elle allait dsormais lui voler sa vie. Tu avais fait mon portrait, quand jtais belle encore Et il garda la bouche ferme pour ne pas lui dire quelle tait toujours belle et que son ventre se souvenait de cette unique nuit, et quelle avait t, sa vie duran

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